A l’occasion de la Conférence Annuelle du Conseil International des Archives(CIA), qui s'est déroulée du 24 au 30 novembre 2018 à Yaoundé, nous avons été sélectionné pour faire partir des conférenciers devant animer les débats (voir la liste des membres ici et principalement le nom de l’auteur de ce blog : Michel Romaric TUEKAM).

Cette grand-messe (8e Conférence, et la toute première en Afrique placée sous le parrainage du Chef de l’État Paul BIYA), avait pour thème : « Archives : Gouvernance, Mémoire et Patrimoine » et a été présidée par le Premier Ministre Yang Philémon, représentant personnel du Chef de l’État. Des personnalités de renom, ayant marqué l’activité archivistique mondiale telle que le Président du Conseil International des Archives David Fricker ou le Canadien Jean Louis Roy, Président Directeur Général des bibliothèques et archives du Québec, invité spécial, qui a gratifié les participants d’une merveilleuse leçon inaugurale. Le Comité scientifique était présidé par le Professeur Laurent Charles BOYOMO ASSALA

 Avec pour titre, "Rôle des archives dans l’accès universel aux informations et aux connaissances : L’archive conservée est-elle réellement celle désirée/voulue par le chercheur ?"notre résumé se déclinait comme suit:

Les archives sont créées à des fins de mémoire, pour « garder une trace » immédiate (vérification de faits), cumulative (transfert d’expertise) ou à long terme (informations authentiques). En effet, elles constituent pour toute organisation (et par ricochet pour la société) une source d’information capitale pour une prise de décision adéquate dans le cadre de l’exécution de différentes activités et une base d’informations et de connaissances compilées par des professionnels. Cependant, à l’analyse des informations et connaissances recherchées, on se rend compte qu’il existe très souvent un gap assez important entre la connaissance archivée et celle recherchée, entre l’information conservée et celle désirée par le chercheur.

Aujourd’hui, les nouvelles exigences relatives à la communication des documents soulèvent toutefois plusieurs problématiques liées à l’accès aux documents d’archives. En prenant le cas d’une situation qui interviendrait sur un événement passé, on se demanderait : Est-il possible pour le lecteur d’avoir accès à toutes les informations souhaitées sur le sujet ? Ou sont-elles ? Si on ne retrouve pas l’information recherchée, serait-ce parce que cette dernière n’a pas fait l’objet d’un écrit ? Si cela a fait l’objet d’un écrit, est-ce-que les informations n’ont pas été archivées parce qu’elles ne présentaient pas d’intérêt pour celui qui a opéré la sélection lors de l’opération de tri ? Est-ce que quelqu’un d’autre les aurait sélectionnées pour les archiver ? Finalement, que doit-on ou pas archiver ? Lors de création de l’information et de la connaissance historique, doit-on tout archiver ?

Cet état de chose fait ressortir trois problèmes empiriques liés d’abord à l’influence de l’environnement sur le travail de sélection et tri effectué par le professionnel sur les documents archivables, ensuite l’inappropriation des concepts et thèmes de recherches par les chercheurs démontrés par une étude sociologique des lecteurs que nous avons réalisée ; et enfin l’échec des politiques sur la valorisation des archives à véritable valeur historique et pourtant véritable médium de communication de l’information et de la connaissance.

Cet article examine le concept d’accès aux archives à partir d’une perspective de gestion des documents et de l’information. Afin de répondre aux problématiques sus-évoquées, il tente ainsi d’identifier certains aspects critiques, des éléments et des défis essentiels qui peuvent être des obstacles à l’accès aux connaissances. Il s’appuie sur des leçons tirées de l’expérience et des études quantitatives et qualitatives menées dans les structures d’archives historiques, tout en s’interrogeant également sur la gouvernance de l’information en tant facteur de production de la recherche, de l’information et de la connaissance.-